Comment protéger les sols ?

 

Le sol est le support et l'habitat des plantes et des animaux, le berceau de nos aliments, le régulateur des cycles de l’eau et de la matière. Il est notre patrimoine commun et une ressource non renouvelable à l’échelle humaine, au même titre que le carbone fossile dans les couches profondes de la Terre. Il est essentiel de le protéger !

 

Pourtant il existe encore très peu de mesures de conservation des sols. En France, les études d’impact préalables à tout aménagement ne prennent que très rarement en compte les sols et leur biodiversité. Ainsi comment éviter, réduire ou, dans le pire des cas, compenser d’éventuels dommages causés par les aménagements, si on ne connaît pas l’état initial ? Il est aujourd’hui urgent d’agir. C’est la direction que semble prendre l’Union Européenne avec la nouvelle Stratégie Européenne sur les Sols, qui devrait imposer un cadre législatif plus contraignant ou encore le programme “Caring for Soil is Caring for Life” qui vise 75% de sols sains d’ici 2030.

L’objectif est ambitieux et reste malheureusement difficile à atteindre. Pour mieux préserver cette ressource indispensable, il est essentiel de multiplier les actions à tous les niveaux : scientifique, citoyen et politique. Chacun d’entre nous peut agir à son échelle : des actions simples peuvent être mises en place pour favoriser la qualité biologique des sols !

 

Améliorer et diffuser les connaissances

Pour améliorer la protection des sols, il nous faut d’abord combler le manque généralisé de connaissances sur ce qui se passe sous nos pieds. Comment agir si nous ne connaissons pas ce que nous défendons ? Que cette amélioration des connaissances concerne le domaine de la recherche scientifique, la sensibilisation des citoyens ou des décisionnaires, l’objectif reste le même : mieux connaître pour mieux protéger

 

Campagne d'inventaire de vers de terre en ville - Nancy © Apolline Auclerc

De nombreuses initiatives ont été mises en place pour améliorer les connaissances sur les sols. Les réseaux de chercheurs sont de plus en plus et de mieux en mieux organisés pour produire et diffuser ces connaissances. Ainsi, la FAO (Organisation pour l’alimentation et l’agriculture des Nations Unies) a produit en 2020 un état des connaissances sur la biodiversité des sols dont un résumé en français est accessible ici.  

Au niveau mondial le GSBI (Global Soil Biodiversity Initiative) tente de fédérer de nombreuses initiatives et compiler les données acquises. 

Au niveau européen, plusieurs initiatives tentent de mettre en place des bases de données permettant de produire des informations robustes sur l’état des sols et de leur biodiversité en Europe. Par exemple, le projet EUdaphobase se propose de compiler et centraliser les informations acquises. 

En France, sous l’impulsion de l’OFB (Office Français de la Biodiversité) se met en place le RMQS Biodiv (Réseau de Mesure de Qualité Biologique des Sols), qui vise à mettre en place un observatoire constitué de plus de 2200 sites sur tout le territoire, en incluant les outremers. On notera également le rôle très important de l'Association Française pour l’Etude des Sols qui contribue à structurer les réseaux de chercheurs et diffuser les connaissances. Enfin, à l’initiative des ministères de l’Ecologie et de l’Agriculture, on peut compter sur le RNEST (Réseau National d’Expertise Scientifique et Technique sur les Sols) qui a pour objectif d’éclairer les politiques publiques s’agissant des sols et de leur biodiversité.

 

La recherche scientifique ne peut pas tout, elle a besoin de l’aide des citoyens ! En multipliant les lieux d’observations, à différents moments de l’année et à des endroits peu ou pas accessibles pour les scientifiques comme les jardins, chacun d’entre vous peut contribuer à faire avancer l’état des connaissances ! En participant à l’observatoire QUBS vous découvrirez cette fascinante biodiversité cachée sous vos pieds et en apprendrez davantage sur les façons de la favoriser.

 

Des actions à mener dans son jardin

Pour répondre aux besoins de tous les êtres vivants du sol, il faut leur apporter à la fois le gîte et le couvert. Tas de branchages ou feuilles, cailloux, planches, tuiles ou briques sont tout autant de microhabitats favorables à la faune du sol. Ils serviront d’abris en créant des conditions d’humidité et de luminosité favorables.

L’apport de matière organique est indispensable pour alimenter les chaînes alimentaires souterraines. Habiller son sol d’un couvert végétal ou d’un paillage (branchages, résidus de tonte, …), l’enrichir d’un engrais organique en compostant des déchets de cuisine ou laisser les feuilles mortes tombées au sol, sont autant de solutions accessibles pour répondre aux besoins nourriciers de la faune du sol.

Le choix de la végétalisation implantée est un critère très important. Favoriser des espèces locales, une flore spontanée, ainsi qu’une forte diversité aura des effets directs sur les propriétés des sols et donc la faune qu’ils abritent. 

 

 

Et même en ville ! 

 

© Alan Vergnes

 

La biodiversité des sols est présente partout, même dans les zones urbaines. Chaque recoin végétal représente un habitat potentiel pour ces petites bêtes. 

Aussi, multiplier ces espaces c’est permettre à la vie du sol d’exister. Pour cela, de plus en plus de villes proposent des programmes de désimperméabilisation et revégétalisation.

Ces espaces n’étant que peu nombreux, il est également nécessaire de faciliter le déplacement des espèces d’un habitat à un autre en toute liberté. C’est d’ailleurs tout l’enjeu de la trame brune qui cherche à créer des réseaux de continuité des sols afin de permettre à la faune du sol de réaliser son cycle de vie et de circuler dans l’espace. Aussi, par exemple, il est intéressant de privilégier les haies végétales entre jardins voisins, plutôt que des murs. 

Il existe de multiples actions simples et efficaces pour protéger le sol et ses habitants, alors n’attendez plus !