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© Bernard Dubreuil / Biosphoto

Dans le vaste monde des petites créatures qui peuplent notre planète, les escargots et les limaces occupent une place spéciale et souvent méconnue...

Escar­gots et limaces, qui sont-ils ? 

Les gasté­ro­podes sont une classe de mollusques carac­té­ri­sés par un corps mou, non segmenté et dépourvu d’ap­pen­dices arti­cu­lés. Ils se composent de trois parties distinctes pour les escar­gots : la tête, la masse viscé­rale et le pied, un organe muscu­leux et ventral qui assure leur loco­mo­tion, prin­ci­pa­le­ment par repta­tion et fouis­se­ment. Les limaces, elles, ont quatre parties distinctes : la tête, le manteau ou bouclier palléal, le pied et la partie caudale, située en arrière du manteau, qui présente ou non selon la famille une carène (crête) médio-dorsale plus ou moins complète. 

En France, on compte plus de 400 espèces d’es­car­gots et de limaces. Pour diffé­ren­cier un escar­got d’une limace, c’est simple ! Si le mollusque a une coquille, alors c’est un escar­got, s’il n’en a pas, c’est une limace. En revanche, au niveau des espèces d’es­car­gots ou de limaces, certaines sont très proches les unes des autres, et seuls des spécia­listes peuvent les diffé­ren­cier, parfois même seule­ment après les avoir dissé­qués. Dans l’Opéra­tion Escar­gots, nous vous propo­sons une liste retreinte d’es­pèces parmi les plus communes et faciles à iden­ti­fier. Nous avons égale­ment regroupé certaines espèces proches pour que les iden­ti­fi­ca­tions soient acces­sibles aux néophytes !

À l’ori­gine, tous les gasté­ro­podes étaient des créa­tures aqua­tiques, dotées d’une coquille protec­trice et de bran­chies pour respi­rer ! Cepen­dant, au fil de l’évo­lu­tion, certains gasté­ro­podes ont perdu certaines de ces carac­té­ris­tiques. Les limaces et les escar­gots ont déve­loppé des adap­ta­tions pour la vie sur la terre ferme, tels que des poumons, ce qui leur permet de respi­rer l’air atmo­sphé­rique. Ainsi, les escar­gots et limaces ne sont pas présents seule­ment dans les jardins, mais dans presque tous les habi­tats de la Terre, de l’océan au bord de la mer, des montagnes aux forêts tropi­cales, des steppes aux bois humides. Il y a donc une distinc­tion entre les gasté­ro­podes aqua­tiques et terrestres ! Nous abor­de­rons ici unique­ment les gasté­ro­podes terrestres.

Les escar­gots et limaces jouent un rôle essen­tiel dans l’écosys­tème. Leur présence a des impacts signi­fi­ca­tifs sur l’en­vi­ron­ne­ment et contri­bue à main­te­nir l’équi­libre écolo­gique. Au cours de cet article, nous allons vous expliquer les raisons pour lesquelles il ne faut pas chas­ser les escar­gots et limaces de votre jardin, et au contraire, apprendre à les accep­ter…

Les escar­gots et limaces, des décom­po­seurs

Les escar­gots et les limaces jouent un rôle crucial en tant que décom­po­seurs dans l’éco­sys­tème. Contrai­re­ment à ce que l’on pour­rait penser, leur régime alimen­taire ne se limite pas à nos salades et choux du pota­ger ! Ils ont une alimen­ta­tion diver­si­fiée et se délectent des matières orga­niques en décom­po­si­tion, comme les feuilles mortes, les débris végé­taux et même les carcasses d’ani­maux… Ils sont quali­fiés ainsi de détri­ti­vores, défi­nis comme des orga­nismes se nour­ris­sant de détri­tus d’ori­gine animales ou végé­tales. En étant détri­ti­vores, les escar­gots et les limaces ont un rôle de décom­po­seurs, car en se nour­ris­sant de matière orga­nique en décom­po­si­tion, cela contri­bue au recy­clage des éléments nutri­tifs et à la trans­for­ma­tion de la matière orga­nique en nutri­ments utili­sables par d’autres orga­nismes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Escar­got des jardins sur feuille morte – France © Robin Fourré / Bios­photo

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Limace rouge mangeant un cham­pi­gnon en sous-bois – France © Guy Piton / Bios­photo

 

Lorsque les feuilles, les débris végé­taux et les cadavres d’ani­maux se décom­posent, ils libèrent des nutri­ments essen­tiels dans le sol, tels que l’azote, le phos­phore et le potas­sium. Les escar­gots et les limaces consomment acti­ve­ment cette matière orga­nique, en la décom­po­sant davan­tage dans leur système diges­tif. Grâce à leur régime alimen­taire spécia­lisé, ils parviennent à extraire les éléments nutri­tifs de cette matière orga­nique. Une fois que les escar­gots et les limaces ont digéré ces matières, ils rejettent des excré­ments riches en éléments nutri­tifs dans l’en­vi­ron­ne­ment. Ces nutri­ments sont ensuite dispo­nibles pour les plantes et autres orga­nismes du sol, contri­buant ainsi à la ferti­lité du sol et à la crois­sance des végé­taux.

De plus, les escar­gots et les limaces ont une rela­tion symbio­tique avec certaines bacté­ries présentes dans leur tube diges­tif. Ces bacté­ries aident à décom­po­ser davan­tage la matière orga­nique et à libé­rer des nutri­ments supplé­men­taires. Ainsi, les escar­gots et les limaces sont en mesure d’opti­mi­ser l’ef­fi­ca­cité de la décom­po­si­tion et de maxi­mi­ser la dispo­ni­bi­lité des nutri­ments dans l’éco­sys­tème.

En jouant le rôle de décom­po­seurs, les escar­gots et les limaces contri­buent à main­te­nir l’équi­libre écolo­gique en élimi­nant les matières orga­niques en décom­po­si­tion et en recy­clant les nutri­ments qu’elles contiennent. Leur action aide à main­te­nir la santé des écosys­tèmes en favo­ri­sant la ferti­lité des sols, la crois­sance des plantes et la dispo­ni­bi­lité des nutri­ments pour d’autres orga­nismes. Sans les escar­gots et les limaces et leur rôle de décom­po­si­tion, la matière orga­nique s’ac­cu­mu­le­rait, pertur­bant les cycles biogéo­chi­miques et limi­tant la dispo­ni­bi­lité des nutri­ments pour les autres orga­nismes vivants.

Membres de la chaîne alimen­taire

Par ailleurs, les escar­gots et les limaces sont une source de nour­ri­ture pour de nombreux autres animaux. Ils font partie inté­grante de la chaîne alimen­taire en étant une source de nour­ri­ture pour les oiseaux, les reptiles, les amphi­biens, les petits mammi­fères et certains insectes. Une chaîne alimen­taire est compo­sée d’une succes­sion de végé­taux et d’ani­maux où chacun est mangé par le suivant. Elle illustre à quel point les êtres vivants sont inter­dé­pen­dants et que chaque acteur est clé pour le bon fonc­tion­ne­ment de la chaîne alimen­taire.

À la base de la chaîne alimen­taire se trouvent les produc­teurs, ou auto­trophes. Ces végé­taux réalisent la synthèse de molé­cules orga­niques complexes, comme les protéines, les lipides ou les glucides, à partir de dioxyde de carbone, de nitrate, et d’autres miné­raux. Cette action est possible grâce à la lumière du soleil, qui permet aux produc­teurs d’avoir l’éner­gie néces­saire pour le faire via la photo­syn­thèse.  

Ensuite viennent les hété­ro­trophes, ou consom­ma­teurs. Ils se nour­rissent des auto­trophes soit de façon directe, ce sont des consom­ma­teurs primaires dits herbi­vores, soit de façon indi­recte, ce sont donc des consom­ma­teurs secon­daires dits carni­vores. Les consom­ma­teurs primaires vont s’ali­men­ter des produc­teurs, et les consom­ma­teurs secon­daires s’ali­men­te­ront des consom­ma­teurs primaires. 

À la fin de cette chaîne, nous retrou­vons les décom­po­seurs, ou sapro­phytes. Ces bacté­ries, levures ou cham­pi­gnons se nour­rissent de la matière orga­nique morte. Ils ont pour rôle de nettoyer la terre en quelque sorte, en recy­clant les consom­ma­teurs en matière orga­nique, qui sera consom­mée par les produc­teurs !

 

 

 

 

 

 

 

 

Escar­got mangeant un Bolet des charmes © André Simon / Bios­photo

 

En ce qui concerne nos amis les gasté­ro­podes, ils sont clas­sés comme consom­ma­teurs primaires, et non pas avec les décom­po­seurs. Effec­ti­ve­ment, malgré leur rôle en tant que détri­ti­vores, leur régime alimen­taire n’est pas seule­ment composé de matière orga­nique en décom­po­si­tion, mais égale­ment de végé­taux vivants !

En tant que consom­ma­teurs primaires, les gasté­ro­podes jouent donc un rôle impor­tant dans la chaîne alimen­taire en four­nis­sant de la nour­ri­ture aux consom­ma­teurs secon­daires. Ils sont consom­més par une variété de préda­teurs, tels que les oiseaux, les reptiles, les amphi­biens, les petits mammi­fères et certains insectes. Les escar­gots et limaces sont souvent appré­ciés pour leur teneur élevée en protéines et leur dispo­ni­bi­lité en tant que proies faciles à captu­rer, en parti­cu­lier pour les animaux qui ont des capa­ci­tés de mobi­lité limi­tées.

L’abon­dance et la dispo­ni­bi­lité en tant que proies des gasté­ro­podes contri­buent à soute­nir la biodi­ver­sité en permet­tant à leurs préda­teurs de trou­ver une source de nour­ri­ture fiable. En fin de compte, en tant que consom­ma­teurs primaires, les escar­gots et les limaces font partie inté­grante de la chaîne alimen­taire en trans­fé­rant l’éner­gie des plantes aux niveaux trophiques supé­rieurs.

Pour conclure

Les escar­gots et les limaces sont bien plus que de simples créa­tures lentes et discrètes. Leur rôle dans l’éco­sys­tème est fonda­men­tal. En tant que décom­po­seurs, source de nour­ri­ture pour d’autres animaux et contri­bu­teurs au recy­clage des nutri­ments, ils parti­cipent acti­ve­ment à la dyna­mique et à l’équi­libre des écosys­tèmes terrestres.

Noé vous propose de partir à la décou­verte des gasté­ro­podes avec l’Opéra­tion Escar­gots ! Il s’agit d’un obser­va­toire de sciences parti­ci­pa­tives co-animé avec Vigie-Nature, qui vous propose de décou­vrir les escar­gots et limaces des jardins, à travers une sélec­tion de quelques espèces faci­le­ment iden­ti­fiables et un proto­cole simple à mettre en place. Les données seront ensuite utili­sées par les scien­ti­fiques pour mieux connaitre ces espèces.

Nous espé­­rons vous voir nombreux à contri­­buer à ce programme !

Sources :

Grand Paris Seine Ouest – Les limaces au pota­ger. seineouest.fr (Consulté le 31 mai 2023)

Gretia (2009) Inver­té­brés conti­nen­taux des Pays de la Loirehttp://gretia.org/ (Consulté le 16 mai 2023).

Muséum Natio­nal d’His­toire Natu­relle et Noé – Mini-guide d’iden­ti­fi­ca­tion des escar­gots et des limaces de l’Opé­ra­tion Escar­gots. dsden94.ac-creteil.fr (Consulté le 31 mai 2023)

Ouest-France Le Mag des Animaux – Les escar­gots : qui sont-ils ? Combien d’es­pèces en France ?lemag­de­sa­ni­maux.ouest-france.fr (Consulté le 16 mai 2023). 

Panda Club WWF – Escar­gothttps:/www.panda­club.ch/fr/tier/escar­got/ (Consulté le 5 juin 2023)

Parc Natu­rel Régio­nal Pyré­nées Arié­geoises – Nos ennea­mies les limaces. parc-pyre­nees-arie­geoises.fr (Consulté le 31 mai 2023)

Veta­bio – Les limacesfredon.fr/hauts-de-france (Consulté le 31 mai 2023). 

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