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© Roger Dauriac / Biosphoto

L'Opération Escargots est bien plus qu'une simple mission de suivi et de préservation !

L’Opé­ra­tion Escar­gots est une aven­ture pleine de bonne humeur aux quatre coins de la France, mais égale­ment de sérieux et de rigueur. Dans cet article, décou­vrez les raisons pour lesquelles les étapes du proto­cole de l’Opé­ra­tion Escar­gots sont cruciales pour le bon fonc­tion­ne­ment de l’ex­pé­ri­men­ta­tion !

Qu’est-ce qu’un proto­cole ?

Un proto­cole, dans un cadre scien­ti­fique, est la descrip­tion précise des condi­tions et du dérou­le­ment d’une expé­rience dont les données doivent être collec­tées, orga­ni­sées et analy­sées afin de mettre en évidence les éléments struc­tu­rants des patrons et des proces­sus écolo­giques ou, de manière plus géné­rale, de répondre à une ques­tion scien­ti­fique spéci­fique. Dans le cadre d’un proto­cole de suivi, l’objec­tif prin­ci­pal est de détec­ter des chan­ge­ments et, si possible, d’en déduire leur cause. 

Réali­ser une expé­rience dans le cadre d’un proto­cole permet de récol­ter des données enca­drées, ce qui les diffé­ren­cie des données récol­tées de façon oppor­tu­niste. Mais, qu’est-ce qu’une donnée ? Celle-ci a de multiples défi­ni­tions, comme le résul­tat d’ob­ser­va­tions ou de recherches ; une hypo­thèse de l’énoncé d’un problème ; ou encore un élément fonda­men­tal d’un raison­ne­ment ou d’une recherche. Pour ce qui concerne la biodi­ver­sité, on utilise le terme de données natu­ra­listes ou données d’ob­ser­va­tions. Une donnée natu­ra­liste désigne un ensemble d’in­for­ma­tions utili­sées pour décrire un événe­ment lié à la flore, la faune, la fonge ou un habi­tat. Ces infor­ma­tions peuvent être obte­nues par le biais d’ob­ser­va­tions directes ou de captures. Les données natu­ra­listes ont au mini­mum quatre infor­ma­tions néces­saires : l’objet de la donnée (taxon, habi­tat), sa loca­li­sa­tion, sa date d’ob­ser­va­tion, et l’ob­ser­va­teur.

Les données natu­ra­listes récol­tées direc­te­ment sur le terrain, comme celles récol­tées via l’Opé­ra­tion Escar­gots, sont dites « in situ ». Parmi ces données in situ, on distingue les données oppor­tu­nistes des données proto­co­lées : 

Les données oppor­tu­nistes sont géné­ra­le­ment obte­nues en dehors de tout proto­cole spéci­fique. Elles résultent d’ob­ser­va­tions ponc­tuelles réali­sées lors de prome­nades et de randon­nées par exemple, ou sont recueillies dans le cadre de programmes parti­ci­pa­tifs impliquant des béné­voles, qu’ils soient experts ou grand public. Ces données sont collec­tées sans plan d’échan­tillon­nage parti­cu­lier ni objec­tif prédé­fini. 

Les données proto­co­lées sont obte­nues dans le cadre d’études ou de programmes spéci­fiques. Elles sont collec­tées en suivant un proto­cole défini, qui comprend un plan d’échan­tillon­nage, des types de données à collec­ter, des méthodes et tech­niques de pros­pec­tion à utili­ser, voire des réfé­ren­tiels et des formats de trans­mis­sion des données. Ces données sont géné­ra­le­ment recueillies lors d’in­ven­taires natu­ra­listes, de suivis de popu­la­tions, de programmes de surveillance, de recherche, d’études d’im­pact, etc. Elles peuvent aussi être récol­tées dans le cadre de programmes parti­ci­pa­tifs.

À noter la diffé­rence entre les suivis de popu­la­tions, qui est l’ana­lyse d’ob­ser­va­tions et de données répé­tées dans le temps dans le but de détec­ter des tendances d’évo­lu­tion, et les inven­taires exhaus­tifs, qui eux visent à recen­ser de manière exhaus­tive tous les éléments d’in­té­rêt dans une zone donnée, en utili­sant une métho­do­lo­gie rigou­reuse et une couver­ture totale !

De l’im­por­tance d’ap­pliquer rigou­reu­se­ment un proto­cole

Un proto­cole suivi avec rigueur permet de récol­ter des données compa­rables entre elles. La fiabi­lité des résul­tats liés à ces obser­va­tions dépend direc­te­ment de la bonne mise en place du proto­cole. Quand le proto­cole est bien réalisé, les données natu­ra­listes récol­tées deviennent des infor­ma­tions clés pour répondre aux ques­tions que le proto­cole cherche à étudier. Ainsi, récol­ter des données natu­ra­listes proto­co­lées est crucial pour la conser­va­tion et la restau­ra­tion de la biodi­ver­sité !

Parti­ci­per à l’Opé­ra­tion Escar­gots permet d’in­té­grer et alimen­ter un programme à l’échelle natio­nale utili­sant une métho­do­lo­gie et des outils stan­dar­di­sés, tout en décou­vrant les espèces de son jardin !

Le proto­cole de l’Opé­ra­tion Escar­gots

Cyclo­stome élégant © Roger Dauriac / Bios­photo

L’ins­tal­la­tion de l’abri et le choix de l’em­pla­ce­ment : Le but de l’Opé­ra­tion Escar­gots n’est pas de faire de la recherche oppor­tu­niste d’es­car­gots et de limaces, l’ins­tal­la­tion d’un abri est donc primor­diale pour récol­ter les données voulues. Nous vous conseillons de placer l’abri près d’un arbre ou d’une haie, où nos amis les gasté­ro­podes se senti­ront comme chez eux. En faisant cela, on assure la possi­bi­lité pour les escar­gots et limaces de venir visi­ter l’abri, et ainsi récol­ter des données. Atten­tion ! Il est très impor­tant de noter qu’un abri sans visi­teurs n’est pas un abri sans valeur scien­ti­fique. Parta­gez quand même vos résul­tats et noti­fiez votre absence de donnée. Bien sûr, cette absence de donnée n’est inté­res­sante que si l’abri est placé dans un endroit propice pour la poten­tielle venue d’es­car­gots et de limaces. 

La prépa­ra­tion de l’abri : L’élé­va­tion d’un côté de l’abri est impor­tante : ni trop près ni trop loin du sol, 2 centi­mètres suffisent pour offrir aux escar­gots et limace un abri qui conserve bien l’hu­mi­dité et où ils peuvent se glis­ser en toute tranquillité. Et bien sûr, on enlève les coquilles vides au préa­lable. Mais atten­tion, le proto­cole est clair : l’abri doit soit être une planche de bois brut non vernis et non traité mesu­rant 30 et 50 cm de côté, soit une soucoupe en terre cuite natu­relle d’en­vi­ron 30 cm de diamètre ! Le choix entre ces deux types d’abris est laissé aux obser­va­teurs afin de réali­ser une expé­ri­men­ta­tion, qui est expliquée dans cet article. Si vous choi­sis­sez l’abri en bois, c’est très impor­tant qu’il soit non traité et non vernis car les produits utili­sés ont un effet répul­sif, et pour­raient faire fuir certains gasté­ro­podes. Ainsi, si vous utili­sez une planche en bois trai­tée et vernis et que vous n’avez pas de mollusques, ce ne sera pas forcé­ment parce qu’ils sont absents de votre jardin ! De la même manière, les dimen­sions des planches de bois et des coupelles ont égale­ment leur impor­tance afin de récol­ter des données compa­rables entre les diffé­rents sites d’ob­ser­va­tions. En fin de compte, si l’em­pla­ce­ment et le maté­riel utilisé pour l’abri sont si essen­tiels, c’est pour récol­ter des données proto­co­lées, comme expliqué précé­dem­ment, et ainsi pouvoir avoir un suivi précis et homo­gène des popu­la­tions !

La récolte des données : Comme le dit le proto­cole, il faut attendre un mois entre la mise en place de l’abri et le premier relevé. Ceci permet de lais­ser le temps aux escar­gots et aux limaces de trou­ver l’abri et de l’uti­li­ser. Lors de vos rele­vés, photo­gra­phiez seule­ment les escar­gots et limaces présents dans l’abri, et non pas dans votre jardin ! Prenez en photo un seul indi­vidu par espèce/groupe d’es­pèces. Pour les escar­gots, prenez si possible trois photos : dessus, dessous et profil (avec l’ou­ver­ture visible). Pour les limaces, prenez idéa­le­ment une photo de profil du côté droit quand la limace est éten­due et si possible une photo du dessous, car il est impor­tant pour les critères d’iden­ti­fi­ca­tion ! Dépo­sez une pièce de 10 centimes d’eu­ros à côté de l’in­di­vidu pour servir d’échelle.

Vous pouvez retrou­ver toutes les infor­ma­tions néces­saires pour parti­ci­per à l’Opé­ra­tion Escar­gots via ces liens : le Proto­colele Carnet de Terrainla Clé de Déter­mi­na­tionles Planches Photosla Fiche d’Iden­ti­fi­ca­tion

Cette expé­ri­men­ta­tion ne consiste pas à faire un inven­taire d’es­pèces, mais vise à établir les varia­tions de popu­la­tions des mollusques à travers le temps et l’es­pace !

L’Opé­ra­tion Escar­gots est bien plus qu’une simple collecte de données natu­ra­listes. C’est une aven­ture pleine d’en­train, où les parti­ci­pants se trans­forment en explo­ra­teurs dévoués de la biodi­ver­sité permet­tant le suivi des popu­la­tions de gasté­ro­podes. En mélan­geant la rigueur scien­ti­fique avec une bonne dose d’enjoue­ment, cette initia­tive cherche à sensi­bi­li­ser le public à l’im­por­tance de préser­ver ces petites créa­tures tout en appor­tant des données précieuses à la recherche. 

Alors, enfi­lez vos lunettes d’ex­plo­ra­teur et sortez vos appa­reils photo !

 

Sources : 

Ichter J., Poncet L., Touroult J. (2014) Cata­logues des méthodes et des proto­coles. Phase 1 : Etude de défi­ni­tion et propo­si­tion d’une démarche. Rapport MNHN-SPN 2014– 52. Service du Patri­moine Natu­rel, Muséum natio­nal d’His­toire natu­relle, Paris. 30 pages. https://inpn.mnhn.fr/docs-web/docs/down­load/247283

IRPN – Qu’est-ce qu’une donnée ? https://irpn.drealnpdc.fr/le-sinp-kesako/quest-quune-donnee/

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