L'Opération Escargots est bien plus qu'une simple mission de suivi et de préservation !
L’Opération Escargots est une aventure pleine de bonne humeur aux quatre coins de la France, mais également de sérieux et de rigueur. Dans cet article, découvrez les raisons pour lesquelles les étapes du protocole de l’Opération Escargots sont cruciales pour le bon fonctionnement de l’expérimentation !
Qu’est-ce qu’un protocole ?
Un protocole, dans un cadre scientifique, est la description précise des conditions et du déroulement d’une expérience dont les données doivent être collectées, organisées et analysées afin de mettre en évidence les éléments structurants des patrons et des processus écologiques ou, de manière plus générale, de répondre à une question scientifique spécifique. Dans le cadre d’un protocole de suivi, l’objectif principal est de détecter des changements et, si possible, d’en déduire leur cause.
Réaliser une expérience dans le cadre d’un protocole permet de récolter des données encadrées, ce qui les différencie des données récoltées de façon opportuniste. Mais, qu’est-ce qu’une donnée ? Celle-ci a de multiples définitions, comme le résultat d’observations ou de recherches ; une hypothèse de l’énoncé d’un problème ; ou encore un élément fondamental d’un raisonnement ou d’une recherche. Pour ce qui concerne la biodiversité, on utilise le terme de données naturalistes ou données d’observations. Une donnée naturaliste désigne un ensemble d’informations utilisées pour décrire un événement lié à la flore, la faune, la fonge ou un habitat. Ces informations peuvent être obtenues par le biais d’observations directes ou de captures. Les données naturalistes ont au minimum quatre informations nécessaires : l’objet de la donnée (taxon, habitat), sa localisation, sa date d’observation, et l’observateur.
Les données naturalistes récoltées directement sur le terrain, comme celles récoltées via l’Opération Escargots, sont dites « in situ ». Parmi ces données in situ, on distingue les données opportunistes des données protocolées :
Les données opportunistes sont généralement obtenues en dehors de tout protocole spécifique. Elles résultent d’observations ponctuelles réalisées lors de promenades et de randonnées par exemple, ou sont recueillies dans le cadre de programmes participatifs impliquant des bénévoles, qu’ils soient experts ou grand public. Ces données sont collectées sans plan d’échantillonnage particulier ni objectif prédéfini.
Les données protocolées sont obtenues dans le cadre d’études ou de programmes spécifiques. Elles sont collectées en suivant un protocole défini, qui comprend un plan d’échantillonnage, des types de données à collecter, des méthodes et techniques de prospection à utiliser, voire des référentiels et des formats de transmission des données. Ces données sont généralement recueillies lors d’inventaires naturalistes, de suivis de populations, de programmes de surveillance, de recherche, d’études d’impact, etc. Elles peuvent aussi être récoltées dans le cadre de programmes participatifs.
À noter la différence entre les suivis de populations, qui est l’analyse d’observations et de données répétées dans le temps dans le but de détecter des tendances d’évolution, et les inventaires exhaustifs, qui eux visent à recenser de manière exhaustive tous les éléments d’intérêt dans une zone donnée, en utilisant une méthodologie rigoureuse et une couverture totale !
De l’importance d’appliquer rigoureusement un protocole
Un protocole suivi avec rigueur permet de récolter des données comparables entre elles. La fiabilité des résultats liés à ces observations dépend directement de la bonne mise en place du protocole. Quand le protocole est bien réalisé, les données naturalistes récoltées deviennent des informations clés pour répondre aux questions que le protocole cherche à étudier. Ainsi, récolter des données naturalistes protocolées est crucial pour la conservation et la restauration de la biodiversité !
Participer à l’Opération Escargots permet d’intégrer et alimenter un programme à l’échelle nationale utilisant une méthodologie et des outils standardisés, tout en découvrant les espèces de son jardin !
Le protocole de l’Opération Escargots
Cyclostome élégant © Roger Dauriac / Biosphoto
L’installation de l’abri et le choix de l’emplacement : Le but de l’Opération Escargots n’est pas de faire de la recherche opportuniste d’escargots et de limaces, l’installation d’un abri est donc primordiale pour récolter les données voulues. Nous vous conseillons de placer l’abri près d’un arbre ou d’une haie, où nos amis les gastéropodes se sentiront comme chez eux. En faisant cela, on assure la possibilité pour les escargots et limaces de venir visiter l’abri, et ainsi récolter des données. Attention ! Il est très important de noter qu’un abri sans visiteurs n’est pas un abri sans valeur scientifique. Partagez quand même vos résultats et notifiez votre absence de donnée. Bien sûr, cette absence de donnée n’est intéressante que si l’abri est placé dans un endroit propice pour la potentielle venue d’escargots et de limaces.
La préparation de l’abri : L’élévation d’un côté de l’abri est importante : ni trop près ni trop loin du sol, 2 centimètres suffisent pour offrir aux escargots et limace un abri qui conserve bien l’humidité et où ils peuvent se glisser en toute tranquillité. Et bien sûr, on enlève les coquilles vides au préalable. Mais attention, le protocole est clair : l’abri doit soit être une planche de bois brut non vernis et non traité mesurant 30 et 50 cm de côté, soit une soucoupe en terre cuite naturelle d’environ 30 cm de diamètre ! Le choix entre ces deux types d’abris est laissé aux observateurs afin de réaliser une expérimentation, qui est expliquée dans cet article. Si vous choisissez l’abri en bois, c’est très important qu’il soit non traité et non vernis car les produits utilisés ont un effet répulsif, et pourraient faire fuir certains gastéropodes. Ainsi, si vous utilisez une planche en bois traitée et vernis et que vous n’avez pas de mollusques, ce ne sera pas forcément parce qu’ils sont absents de votre jardin ! De la même manière, les dimensions des planches de bois et des coupelles ont également leur importance afin de récolter des données comparables entre les différents sites d’observations. En fin de compte, si l’emplacement et le matériel utilisé pour l’abri sont si essentiels, c’est pour récolter des données protocolées, comme expliqué précédemment, et ainsi pouvoir avoir un suivi précis et homogène des populations !
La récolte des données : Comme le dit le protocole, il faut attendre un mois entre la mise en place de l’abri et le premier relevé. Ceci permet de laisser le temps aux escargots et aux limaces de trouver l’abri et de l’utiliser. Lors de vos relevés, photographiez seulement les escargots et limaces présents dans l’abri, et non pas dans votre jardin ! Prenez en photo un seul individu par espèce/groupe d’espèces. Pour les escargots, prenez si possible trois photos : dessus, dessous et profil (avec l’ouverture visible). Pour les limaces, prenez idéalement une photo de profil du côté droit quand la limace est étendue et si possible une photo du dessous, car il est important pour les critères d’identification ! Déposez une pièce de 10 centimes d’euros à côté de l’individu pour servir d’échelle.
Vous pouvez retrouver toutes les informations nécessaires pour participer à l’Opération Escargots via ces liens : le Protocole, le Carnet de Terrain, la Clé de Détermination, les Planches Photos, la Fiche d’Identification.
Cette expérimentation ne consiste pas à faire un inventaire d’espèces, mais vise à établir les variations de populations des mollusques à travers le temps et l’espace !
L’Opération Escargots est bien plus qu’une simple collecte de données naturalistes. C’est une aventure pleine d’entrain, où les participants se transforment en explorateurs dévoués de la biodiversité permettant le suivi des populations de gastéropodes. En mélangeant la rigueur scientifique avec une bonne dose d’enjouement, cette initiative cherche à sensibiliser le public à l’importance de préserver ces petites créatures tout en apportant des données précieuses à la recherche.
Alors, enfilez vos lunettes d’explorateur et sortez vos appareils photo !
Sources :
Ichter J., Poncet L., Touroult J. (2014) Catalogues des méthodes et des protocoles. Phase 1 : Etude de définition et proposition d’une démarche. Rapport MNHN-SPN 2014– 52. Service du Patrimoine Naturel, Muséum national d’Histoire naturelle, Paris. 30 pages. https://inpn.mnhn.fr/docs-web/docs/download/247283
IRPN – Qu’est-ce qu’une donnée ? https://irpn.drealnpdc.fr/le-sinp-kesako/quest-quune-donnee/
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