© bobgaia - insecte.org

Le froid et les premières gelées sont là, certaines régions ont même déjà eu de la neige. Une chose est sûre : l’hiver arrive. Mais que fait la faune du sol à cette saison ?

La tempé­ra­ture des sols fluc­tue toute l’an­née, en fonc­tion des saisons ; mais plus on s’en­fonce en profon­deur, plus la tempé­ra­ture est stable. Atten­tion toute­fois : un sol nu se refroi­dit beau­coup plus vite qu’un sol bien couvert, protégé par la végé­ta­tion ou un tapis de feuilles mortes !

L’hi­ver, quand l’air devient glacial, les sols restent donc bien plus accueillants. La vie du sol ralen­tit mais ne s’éteint pas tota­le­ment. Entre stra­té­gies ingé­nieuses et adap­ta­tions surpre­nantes, décou­vrons leurs secrets pour survivre à la rigueur hiver­nale.

La chaleur est dans les profon­deurs

Certaines bêtes du sol, dont les vers de terre s’en­fouissent plus profon­dé­ment pour échap­per au gel. Les vers anéciques (qui font des gale­ries plutôt verti­cales), par exemple, descendent à plusieurs dizaines de centi­mètres pour passer l’hi­ver. Les limaces, étant dépour­vues de coquille peuvent aussi s’en­fon­cer dans le sol. 

Le saviez vous ? Jusqu’à une certaine limite, le froid n’est pas néces­sai­re­ment un problème pour toute la faune du sol. La tempé­ra­ture opti­male du sol en profon­deur pour une acti­vité opti­male des vers de terre avoi­sine même les 12°C. Pour eux, l’un des dangers de l’hi­ver est la dessic­ca­tion (manque d’eau liquide) lors des périodes de gel, l’eau étant sous forme de glace…

Pause hiver­nale : ralen­tir pour mieux repar­tir

Plutôt que de lutter contre le froid, beau­coup d’ani­maux choi­sissent de lever le pied. Quand s’en­ter­rer n’est pas une option, les escar­gots se construisent un « bouchon » spécial, appelé épiphragme, pour fermer l’ou­ver­ture de leur coquille tout en respi­rant grâce à un petit trou. 

Beau­coup d’in­sectes passent l’hi­ver à l’état de larve ou de nymphe, comme les larves de hanne­tons et cétoines (scara­bées) qui se mettent en diapause, bien enfouies dans les sols.

Le saviez vous ? La diapause est une période de ralen­tis­se­ment voire d’ar­rêt complet mais tempo­raire du déve­lop­pe­ment induit par la bête elle-même. Ce n’est pas le froid qui met l’in­secte en diapause, c’est lui-même qui se met en diapause pour passer l’hi­ver ! le déve­lop­pe­ment ne reprend qu’au prin­temps.

Pour ceux qui passent l’hi­ver à l’état d’adulte, il faut se trou­ver un abri pour se mettre au repos : certains carabes vont s’en­dor­mir dans les fissures du bois mort, sous de l’écorce ou dans la végé­ta­tion; les four­mis, reines et ouvrières, se rejoignent dans les loges d’hi­ver­na­tion… De nombreux autres insectes optent pour cette stra­té­gie, mais aussi des arai­gnées, scor­pions, mille-pattes, cloportes. Le sol et ses abris sont de vrais hôtels pour hiver­ner !

Quand l’œuf devient roi

Oothèque d’Ecto­bius sp. © Nico­las Baudet – insecte.org

 

Chez d’autres insectes, l’hi­ver est souvent une histoire de survie… à l’état d’œuf. Ces derniers sont les seuls repré­sen­tants de ces espèces durant l’hi­ver. Par exemple, les blattes enve­loppent leurs œufs dans des coques protec­trices, et les grillons les laissent bien au chaud sous terre. Un peu de patience, et la vie repren­dra son cours au prin­temps.

 

 

 

 

Se réchauf­fer ensemble : l’union fait la force

Gendarmes (Pyrrho­co­ris apte­rus) regrou­pés pour passer l’hi­ver © Streito Jean-Claude - insecte.org

 

Pour certaines bêtes du sol, rien ne vaut la compa­gnie pour affron­ter l’hi­ver. Les gendarmes, par exemple, se regroupent par dizaines, voire centaines, dans des crevasses ou au pied des arbres, formant des amas bien orga­ni­sés. 

 

 

 

 

 

Des molé­cules pour résis­ter au gel

Nombreuses espèces contiennent des molé­cules anti­gel empê­chant la glace de se former dans leur corps et de les tuer. Ces protéines sont présentes chez de nombreux groupes de la faune du sol : insectes, collem­boles, certaines arai­gnées…

Profi­ter du moindre redoux

Toute la faune du sol n’ar­rête pas tota­le­ment son acti­vité quand l’hi­ver arrive. Certaines espèces restent à l’af­fût du moindre redoux pour reprendre leur acti­vité. Dans les régions aux hivers plus doux (par exemple le pour­tour médi­ter­ra­néen ou la Bretagne), la faune du sol peut aussi rester assez active. Des collem­boles, mille-pattes, cloportes, arai­gnées et même certains insectes peuvent s’ac­ti­ver lors des périodes de douceur hiver­nale.

Le saviez vous ?  Certaines bêtes entrent en léthar­gie lors des périodes froides, mais peuvent se réveiller et s’ac­ti­ver dès qu’un redoux hiver­nal survient. Contrai­re­ment à celles qui sont en diapause, leur repos dépend direc­te­ment des condi­tions exté­rieures : on parle alors de quies­cence.

Dicyr­to­mina sp © bobgaia – insecte.org

 

 

Les Dicyr­to­mina, des collembles globu­laires aux dessins viola­cés sont mêmes plus abon­dants durant l’hi­ver

 

 

 

 

 

 

Plus spec­ta­cu­laires encore, des collem­boles du genre Hypo­gas­tura (Podu­ro­mor­phe*) appe­lés aussi “puces des neiges” sont même parfois obser­vées en très grand nombre sur la neige, surtout en montagne, lors des jour­nées douces d’hi­ver.

 

 

 

 

Peut-on parti­ci­per  à Qubs pendant l’hi­ver ?

Bien sûr ! En fonc­tion des régions, les hivers sont très diffé­rents. Dans les régions où l’hi­ver est très froid et quand le sol gèle plusieurs jours d’af­fi­lée, mieux vaut par exemple éviter de dépla­cer des escar­gots de leur abri, de déter­rer des vers de terre ou de délo­ger des arthro­podes endor­mis sous une souche. Mais dans les régions où l’hi­ver est plus clément ou lors de belles jour­nées de redoux, n’hé­si­tez pas à sortir faire des obser­va­tions : vous pour­riez être surpris !

Un moment pour se former à la vali­da­tion !

L’hi­ver, c’est aussi le moment de se former à l’iden­ti­fi­ca­tion et la vali­da­tion en restant au chaud. Profi­tez-en pour aller consul­ter les parti­ci­pa­tions des autres et les aider à vali­der et à iden­ti­fier leurs collectes de l’an­née. Vous pouvez aussi utili­ser le forum pour poser vos ques­tions sur l’iden­ti­fi­ca­tion des groupes que vous trou­vez diffi­cile, ou à l’in­verse pour parta­ger vos conseils sur l’iden­ti­fi­ca­tion de groupes que vous maîtri­sez ! 

 

 

 

 

 

 

 

 

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